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La Tiny House : simple effet de mode ou véritable alternative écologique ?

Louisa Frangeul Actualité Ghara

Encore inconnues en France il y a quelques années, de plus en plus de personnes se laissent séduire par la vie en Tiny House. Aujourd’hui largement médiatisée, la Tiny House est présentée comme une alternative durable face à la crise écologique actuelle.

Mais comme pour toute solution présentée comme écologique, la question de ses limites et d’un potentiel « Greenwashing » se pose. Les Tiny Houses sont-elles donc un simple effet de mode ou une véritable alternative écologique ?

Un habitat récent pour répondre à de nouveaux besoins

Tiny House : petite présentation

Issue des mots anglais « petit » et « maison », la Tiny House a vu le jour aux États-Unis au début des années 2000. Appréciées pour leur aspect écologique, elles sont pourtant apparues pour répondre à des problèmes économiques suite à la crise financière de 2008. La Tiny House est aussi confortable qu’une maison conventionnelle et elle est habitable à l’année, la principale différence est sa petite dimension.

La caractéristique de la Tiny House est d’être un habitat léger et transportable : elle est conçue pour être montée sur remorque et peut être tractée par une voiture. Cependant, une minorité d’entre elles sont construites sur plateau et ne peuvent pas être déplacées.

La surface habitable d’une Tiny House varie de 10m² à 40m² pour les plus grandes et elles font un poids maximal de 3500kg, ce qui est particulièrement léger. Elles sont majoritairement constituées d’une structure en ossature bois, complétée d’une isolation et d’un revêtement extérieur. A l’origine, la plupart d’entre elles étaient autoconstruites mais de plus en plus d’entreprises spécialisées proposent des Tiny Houses clés en main.

L’habitat nomade : des préjugés à l’engouement

Qui n’a jamais rêvé d’une maison permettant de passer l’hiver à la montagne, le printemps à la campagne, l’été à la mer et l’automne en forêt ? Avec une maison sur roue, c’est tout à fait possible !

Notre vision de l’habitat nomade a récemment évoluée, les préjugés et méconnaissances laissent place à un réel engouement. Cette tendance s’explique principalement pour des raisons économiques et écologiques. Depuis la crise du Covid-19, elle s’est confirmée avec la généralisation du télétravail et le besoin de reconnexion à la nature face à une ville et des habitats devenus étouffants.

Alors que la taille des maisons n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies, la Tiny House incarne un rêve de liberté ainsi qu’un retour vers un mode de vie plus minimaliste et proche de la nature.

La Tiny House possède des avantages écologiques indéniables

Un habitat réversible et léger

Au-delà du rêve nomade, les Tiny Houses possèdent de réels atouts écologiques.

L’impact sur la faune, la flore et le sol est beaucoup plus faible qu’une maison conventionnelle. Non seulement la Tiny House a une surface au sol plus petite, mais le fait d’être montée sur une remorque ou un plateau permet au terrain de revenir plus facilement et rapidement à son état initial après déplacement de la Tiny House. Les constructions traditionnelles, quant à elles, impactent plus durablement le sol avec leurs fondations en béton.

Une maison plus petite demande moins d’énergie et de matériaux pour être construite. La taille moyenne des Tiny Houses est de 13m² alors que celle des maisons conventionnelles est plutôt de l’ordre de 110m², elles sont donc environ 10x plus petites !

De plus, les matériaux sont souvent plus légers et les murs plus fins afin d’optimiser le poids et l’espace habitable. Les murs à ossature bois sont souvent privilégiés, si vous souhaitez en apprendre plus ce mode constructif Ghara propose une formation dédiée.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, un habitat réversible et léger n’est pas plus fragile qu’une maison conventionnelle. La durabilité d’une Tiny House dépend principalement de la qualité des matériaux mis en œuvre et de la manière dont elle a été réalisée.

Se diriger vers plus d’autonomie et d’économie

L’habitat nomade va souvent de pair avec la volonté d’autonomie. Afin d’être transportables et considérées légalement comme des habitats légers, la plupart des Tiny Houses ne sont pas raccordées aux réseaux d’eau et d’électricité.

L’autonomie de l’habitat est de plus en plus recherchée pour des raisons économiques, écologiques et philosophiques : favoriser les énergies renouvelables, gagner en résilience ou encore trouver des alternatives face à l’augmentation du prix de l’énergie.

La plupart des foyers qui emménagent dans une Tiny House voient leur consommation d’eau et d’énergie diminuer fortement. Ne pas être raccordé aux réseaux induit une quantité limitée de ressources et oblige à être plus attentif à sa consommation. Fini les douches chaudes d’une heure ou la télé allumée toute la journée. Cette baisse de consommation est aussi liée à la petite taille de la Tiny House qui a besoin de moins d’énergie pour le chauffage et l’entretien.

La gestion des eaux usées est aussi une question importante pour un habitat autonome, car il n’y a pas de tout à l’égout. Le rejet est traité sur la parcelle via phytoépuration ou épandage, il faut donc faire attention à la qualité de l’eau rejetée en utilisant des produits d’hygiène et d’entretien écologiques afin de limiter au maximum la pollution des sols.

Au-delà de la taille, une véritable philosophie de vie

En plus de ses avantages écologiques tangibles, la Tiny House induit un véritable changement de philosophie de vie, prônant le minimalisme et la sobriété.

L’un des premiers aspects positifs est la diminution du nombre d’objets possédés : moins de vêtements, d’ustensiles de cuisine, de décoration. Avant chaque achat, la question de l’utilité de l’objet se pose car l’espace intérieur est très limité. La location et le prêt sont aussi privilégiés, ce qui favorise le partage et les échanges.

Cet esprit minimaliste dépasse la simple dimension écologique en changeant de paradigme. Le retour à l’essentiel séduit de plus en plus, face à notre société de surconsommation qui impacte fortement notre planète. La Tiny House est donc un mode d’habitat qui incarne des valeurs de sobriété et de décroissance.

Les Tiny Houses ont aussi des limites et des contraintes non-négligeables

Il est difficile de trouver un bon équilibre entre espace de vie et isolation

Pour être légalement transportée sur une remorque, la Tiny House doit respecter des dimensions maximales plutôt contraignantes : 2,55m de large et 12m de long. Afin de garder un espace intérieur agréable à vivre, les murs doivent être le moins épais possible. Cela se répercute sur l’épaisseur de l’isolant qui est d’environ 10cm, beaucoup moins qu’une maison neuve conventionnelle.

La Tiny House gardera donc moins bien la chaleur en hiver et demandera plus d’énergie pour la chauffer. De plus, pour des questions d’autonomie et de gain d’espace, le chauffage électrique est souvent utilisé alors que d’autres moyens de chauffage plus écologiques sont à privilégier. Le risque de surchauffe en été est aussi plus conséquent, au risque de devoir installer une climatisation pour plus de confort.

Cette surconsommation d’énergie est à relativiser car le volume à chauffer est beaucoup plus petit. De plus, certains isolants sont performants même avec une faible épaisseur, mais ceux-ci peuvent être plus coûteux ou polluant lors de leur fabrication.

Un habitat transportable engendre de la pollution

En plus des contraintes de dimension, un habitat sur remorque est aussi limité en poids. Il ne peut pas excéder 3500kg, et ce poids est très rapidement atteint pour une maison. Ce critère fini souvent par passer avant l’aspect écologique, notamment pour le choix des matériaux. Par exemple, le Red Cedar est souvent privilégié pour le bardage car il est léger, mais il ne provient pas de France et son transport engendre une forte pollution.

Par la suite, déplacer la Tiny House nécessite de posséder un véhicule assez puissant type 4×4 ou Pickup et consomme beaucoup de carburant.

Vivre dans une Tiny House peut aussi engendrer une augmentation de l’utilisation de la voiture. Elles sont implantées en dehors des centre-villes et la quantité de stockage est limitée, ce qui oblige à se déplacer plus souvent et plus longtemps, notamment pour les courses.

En plus des limites écologiques, des contraintes économiques et législatives existent

Comme pour tout type d’habitat, vivre en Tiny House a aussi de mauvais côté et des limites. Des obstacles non-négligeables reviennent de manière récurrente et doivent être anticipés afin de réaliser à bien son projet.

Bien que moins cher qu’une maison traditionnelle, la Tiny House représente tout de même un budget conséquent : en moyenne entre 20000€ et 40000€. D’autres types d’habitat légers sont plus accessibles, surtout si l’on rapporte le prix au m².

En plus de l’aspect financier, de nombreuses contraintes réglementaires existent. Il est souvent difficile de trouver un terrain et d’obtenir les autorisations pour y installer sa Tiny. Il est donc conseillé de trouver le terrain et de contacter la mairie en amont de la construction. Il est aussi possible de se faire aider par des associations comme celle d’Hameaux Légers :

https://hameaux-legers.org/

Conclusion : les Tiny Houses sont bien une alternative écologique

Il n’existe pas de type d’habitat n’ayant aucun impact sur l’environnement. Chacun possède des avantages et des inconvénients qui lui sont propres. Cependant, habiter en Tiny House permettrait de baisser son empreinte carbone de 45 % en moyenne comparé à une maison conventionnelle. Cet habitat représente alors une réelle alternative écologique grâce à sa petite taille et son autonomie, et n’est donc pas qu’une simple apparence malgré quelques points négatifs.

Une attention particulière doit être portée sur les matériaux employés, le mode de vie désiré et au cadre juridique. Une fois ces aspects anticipés, le rêve d’une vie nomade et plus respectueuse de l’environnement est à portée de main !

ARGANTAËL BEUCHERIE

Architecte diplômée d’état et certifiée Pro Paille