maisons ecologiques

Earthship, une vie en autonomie

Louisa Frangeul Articles écoconstructions

Connaissez-vous cet habitat alternatif dessiné dans les années 70, par l’américain Michael Reynolds ? Soucieux des enjeux liés au réchauffement climatique, il voulait offrir à chacun la possibilité de vivre librement, c’est-à-dire, en harmonie avec la nature et surtout en autonomie. Sa conception a pour caractéristique de maintenir un intérieur confortable (environ 21°C) peu importe où vous êtes dans le monde et même sous des climats rudes avec des températures extrêmes. Cette maison produit sa propre « propre » énergie (elle n’est ni reliée au réseau d’eau, ni d’électricité, ni d’assainissement). Son jardin sous serre vous régale, en été comme en hiver, des légumes que vous y ferez pousser. Il est possible de croire qu’une telle construction nécessite des procédés techniques fastidieux et c’est bien tout le contraire ! L’architecte voulait que ce type d’ouvrage puisse être élaboré par tous et avec des matériaux écologiques et/ou recyclés. Ces habitats semi-enterrés sont très reconnaissables. L’Earthship se veut en symbiose avec son environnement immédiat et en utilise toutes les ressources. Dans cet article, je vous dis tout sur l’histoire incroyable de Michael Reynolds et de ces architectures insolites, qui sont arrivées en France !

Michael Reynolds, son histoire, et celle de la Earthship1

En 1969, Michael Reynold est diplômé architecte. Pour lui, le cursus scolaire ne prépare en rien à l’avenir de la construction. Il regrette une éducation focalisée sur des monuments dépassés et aurait aimé, en sortant de l’école pouvoir édifier pour son temps en répondant aux besoins liés à l’urgence climatique. Cet américain précurseur est déterminé à faire de l’éco-construction sa priorité. Très tôt, il va se lancer dans la mise en œuvre de bâtis expérimentaux pour trouver la réponse à l’habitat de demain, celui qui impactera le moins possible notre planète.

En 1972 , dans le désert de Taos au Nouveau-Mexique, né la première œuvre du jeune utopiste. Le nom de la Thumb House provient de sa ressemblance avec le pouce de la main. Michael Reynolds se remémore la maison de son père, lorsqu’il est enfant celui-ci garde tout.

Il collectionne dans le sous-sol des produits vides, tels que des cannettes de bière, des jarres, des objets du quotidien trop bien, selon lui, pour être jetés. Les « déchets » étaient empilés sans but précis. C’est peut-être instinctivement que le jeune architecte a choisi de les utiliser comme matière première pour son édifice pionnier. En effet, la Thumb House a la particularité de remployer des cannettes de bière. Cet essai architectural amène sa fameuse réflexion : Qu’y a d’autre sur cette planète comme matière laissée en abondance ? Les pneus deviennent l’objet-phare des constructions Reynolds. Ils ont des capacités incroyables. Ils sont robustes, résistants, résilients et retiennent la chaleur grâce à leurs propriétés thermiques. Il suffit d’une pelle, pour les remplir de terre. Empilés, ils constituent un mur, sans ciment. Ils sont des briques de masse thermique.


1Olivier Hodge (Réalisateur). (2007). Garbage Warrior [Film,1:27:40]. YouTube. Consulté en février 2023, à l’adresse https:// 1 www.youtube.com/watch?v=2dUT7TBpDqw


De 1976 à 1986 prend place à Taos, le chantier le plus intéressant de la carrière de l’architecte. Le Castle Compound, est un édifice totalement expérimental. Le site lui permet de tester ces idées les plus folles. Le bâtiment est en construction constante, en évolution, il porte les empreintes de toutes ses tentatives : de ses erreurs mais de ses succès aussi. L’américain considère ces mises en œuvre comme un processus d’apprentissage. En explorant les possibilités d’innovation liées à l’habitat écologique, il réussit à combiner des systèmes capables d’utiliser les énergies naturelles qui nous entourent. Dans le même bâtiment, Michael Reynolds réuni toutes ces pensées. Son château recycle les déchets en les utilisant comme matériaux de construction, cannettes, jarres en verre et bois. L’édifice porte dans une tourelle une prémisse d’éolienne récupérant l’énergie du vent. La façade sud capte la chaleur du soleil et fait profiter l’intérieur de l’effet de serre. Ce château a drôles de formes est reconnu comme étant le grand-père de la maison earthship.

Dans les années 1990, Michael Reynolds décide qu’il doit expérimenter davantage pour parfaire le système de ces maisons autonomes. Dans un terrain vague de Taos, se dressent en série les premières earthships-test. Pour se réaliser, l’architecte-précurseur, s’est entouré de clients-investisseurs. Ceux-là adeptes d’éco-construction estiment son projet et le suivent dans l’excitante aventure de ces habitats alternatifs. Une communauté se forme : des hippies, des rêveurs, des passionnés partagent les ambitions de l’innovateur. Ils viennent de loin participer aux chantiers des earthships : c’est l’âge d’or de la découverte. Au fur et à mesure du temps, les earthships se développent et s’améliorent notamment grâce à des équipements de plus en plus sophistiqués. Il apparait sur ces constructions des panneaux solaires, des panneaux de refroidissement géothermique, un système de récupération des eaux, un jardin biologique, et le traitement des eaux usées. Cependant ces principes naissants ne sont pas au point. Certains habitants de la communauté se plaignent de la vie dans ces maisons-expérimentales. Il faut sans cesse, réajuster, réarranger, réorganiser, remanier pour perfectionner. Malgré la bonne volonté de Michael Reynolds et son envie de bien faire, des clients portent plainte contre lui. Il est poursuivi en justice pour des problèmes d’étanchéité, d’inadaptation climatique, d’illégalité et de dangerosité de ses constructions.

En 1997 une injonction fait arrêter la progression de la communauté. Michael Reynolds est hors la loi. Un peu plus tard dans la même année, il se fait retirer son titre par le Conseil des Ordres des Architectes du Nouveau-Mexique. Alors, qu’il a perdu sa qualification, l’homme ne se démoralise pas. Il réunit autour de lui ceux qui peuvent l’aider à faire de ce monde, un endroit où l’habitat écologique peut exister aux yeux de la loi. En mars 2004, après de nombreuses rencontres et rendez-vous au tribunal de Taos, la commission finit par voir le potentiel de tels ouvrages. Le travail sur les earthships peut reprendre, si et seulement si, un ingénieur est employé pour vérifier la sécurité des constructions. Par ailleurs, celle-ci autorise Michael Reynolds a coordonner les chantiers sans son diplôme. C’est une victoire ! Les earthships sont présentes et homologuées sur le territoire.

En 2005, un appel de secours est lancé depuis les Îles d’Andaman, près de la Thaïlande. À la suite du tsunami la population doit être relogée au plus vite. Michael et son équipe sont invités à se rendent sur les lieux. Sur place il ne reste que les débris de la vie des Andamandais. L’accès à l’eau est difficile, le peuple semble délaissé à son triste sort. Et, alors que le moment est des plus tragique, un air de solidarité règne. Michael Reynolds adapte ses dessins en urgence pour construire avec les ressources locales. Il se construit en 14 jours, grâce à l’enthousiasme et l’énergie des habitants, un village fait de bambous, de pneus et de bouteilles usagés. Les abris inspirés des conceptions de l’américain récupèrent les eaux pluviales et permettent un accès à l’eau. En 2006 de la même manière, Michael et son équipe viendront en aide, aux victimes de la tempête d’Hurricane en réalisant en urgence pour la population la construction d’earthship

Earthship, les 5 principes 2

C’est la combinaison de différents principes et systèmes qui font de l’earthship, une maison autonome, passive et parfois même positive ! Les voici :

1) Ramasser et (ré)utiliser les déchets et les matériaux naturels

Arriver quelque part, analyser, découvrir et comprendre : quelles sont les ressources locales et disponibles qui permettront de construire durablement ? Pour le jeune architecte il n’y a aucun doute, la stratégie est d’apprécier ce qui est à notre portée en prenant garde de ne pas dépendre de conditions externes. Le premier principe consiste à récupérer et recycler les matériaux à notre disposition. Ils peuvent être des déchets ou tout simplement des ressources accessibles (terre, torchis, bois, etc).

Sous-estimés pour l’architecte, les canettes d’aluminium, les boîtes de conserves ou encore les bouteilles en verre « valent de l’or ». Dans son imaginaire, ces déchets sont des briques de différentes couleurs et opacités. Avec sa créativité, il s’amuse en composant avec et fabrique des parois intérieures réfléchissant plusieurs lumières. Quant aux fameux pneus, ils trouvent une seconde vie en devenant les fondations de la maison. Les murs de soutènement fait de pneus remplis de terre damée, sont empilés et recouvert de terre ou de torchis.

Plusieurs techniques utilisant des matériaux et des matières naturelles peuvent être mise en œuvre, pour les revêtements des parois et des sols ; pour l’isolation, du plancher, des murs et du toit. Ces éléments sont à accommoder en fonction de votre localisation et de son climat d’aujourd’hui et de demain (les 5 cartes interactives du GIEC permettent pour la première fois, de visualiser pays par pays les principaux effets du dérèglement climatique.) La charpente du toit est généralement une structure bois, surmonté d’un bac acier et/ou de terre pour devenir un toit végétalisé. La façade vitrée sud, peut-être dessinée en fonction des matériaux collectés, sinon elle est généralement conçue sur mesure pour l’earthship.

2) Capter la chaleur (soleil) et la préserver (terre)

Ces habitats autonomes ne sont raccordés à aucun réseau et ne possèdent ni chauffage, ni climatisation. Pour y vivre confortablement avec une température environnant les 21°C, le concepteur Michael Reynolds, mise sur un principe bioclimatique. La façade vitrée de la maison est exposée plein sud. L’espace de la serre s’y adjacent va emprisonner la chaleur émise par les rayons du soleil. Les plantes et cultures y vivant servent de régulateur. Lorsqu’il fait trop chaud dans la serre, il faut ouvrir les fenêtres de toit pour laisser échapper l’excès de chaleur. Durant la nuit, lorsqu’il fait plus frais, ce sont les murs constitués de terre et de pneus, jouant le rôle de masse thermique, qui vont redistribuer l’énergie emmagasinée pendant la journée.

En termes de ventilation, plusieurs possibilités peuvent accompagner ce principe. Le puit canadien et/ou provençal est largement utilisé dans ce type d’habitat. Ce dispositif géothermique des plus intéressants, permet une circulation de l’air, chauffé ou refroidit naturellement par les sols selon les saisons.


2 Faucompré, Pascal. (2021, 24 octobre). Earthship et Géonef, avantages et inconvénients. Build Green, media communautaire. Consulté en février 2023, à l’adresse https://www.build-green.fr/earthship-et-geonef-avantages-et-inconvenients/.


Il a de nombreuses manières de construire en lien avec son environnement et d’en utiliser les ressources énergétiques. Les règles de construction des earthships sont des principes théoriques qu’il faut évidemment adapter à sa situation, au site et à son contexte en général. Ils dépendent du taux d’humidité, du taux d’ensoleillement, du climat, des vents, des pluies, etc. Par exemple, dans des régions ensoleillées la masse thermique prévu peut s’annoncer suffisante, alors que dans régions moins ensoleillées, il est recommandé d’additionner à vos murs et planchers une épaisseur d’isolation.

schema confort thermique
Confort thermique du Earthship.

3) Utiliser les énergies renouvelables

Les besoins électriques de la maison doivent être complétés par la pose d’un système transformant les énergies naturelles. Majoritairement, les earthships sont équipées de panneaux solaires photovoltaïques. Ils présentent de nombreux avantages comme le choix de leur taille, leur orientation, leur esthétique, leur rendement, etc. Ils peuvent être placés sur la toiture et/ou au sol. L’énergie produite doit ensuite être préservée dans des batteries qui permettront d’en disposer au moment souhaité.

4) Récupérer l’eau du ciel

Dans les earthships un des principes fondamentaux repose sur le circuit de l’eau. L’eau étant un élément vital, elle doit toujours être en suffisance dans la maison. Celle-ci est récupérée du ciel et est ensuite filtrée pour un maximum de quatre utilisations avant d’être évacuée naturellement. Attention, cette eau ne deviendra jamais de l’eau potable. Depuis le toit, l’eau subit d’abord, une grossière filtration au travers d’un limon de graviers et est canalisée à travers les liaisons de drain de gravier vers les citernes. Stockée dans des bacs de rétention (dimensionnés selon les besoins liés à la localisation), l’eau est à l’abri des rayons du soleil. La citerne est munie d’une pompe et d’un filtre. L’eau est poussée par la pompe vers d’autres filtres qui vont finalisés son état. Propre, celle-ci sert à un usage quotidien, comme la douche ou la vaisselle, à l’exception des toilettes. Les eaux grises sont récupérées, filtrées à nouveau par des cellules botaniques intérieures et réutilisées pour les sanitaires (la chasse d’eau). Les eaux grises deviennent des eaux noires, elles sont séparés du système de drainage et de la plomberie domestiques pour être traitée une dernière et quatrième fois dans des cellules botaniques extérieures.

Utilisation des eaux du Earthship

5) Jardiner

Les plantes servent bien plus qu’à s’alimenter. Elles font parties de l’éco-système de l’habitat et permettent d’assainir l’eau et l’air, de réguler la température et l’hygrométrie, évidement de nourrir le foyer en fruits et légumes mais aussi elles offrent un espace de nature et biodiversité accueillant, où il fera bon de se relaxer, méditer, etc.

Vivre dans une Earthship, rencontre avec Luc 3

La première earthship d’Europe conçue selon les principe de Michael Reynolds, a vu le jour en France, en 2008, à Ger dans les Pyrénées-Atlantiques. La maison appartient aux Trott, une famille anglaise, emballée par le concept de l’architecte américain.

Aujourd’hui, en France, se trouve une quinzaine d’earthships. J’ai été à la rencontre de Luc qui vit avec Magali dans cette maison, plutôt originale, depuis bientôt deux ans. Leur vaisseau se trouve dans les Hautes-Alpes et a été terminé en septembre 2021. J’avais plein de questions à leur poser et ils m’ont tout expliquer sur leur mode de vie, je vous raconte notre entretien qui porte à réflexion !

La maison de Magali et Luc, le séjour.

Pouvez-vous me parlez un peu de vous, vous décrire, me racontez votre histoire ? Comment vous êtes-vous dis, nous aussi nous pouvons vivre de manière éco-responsable ?

« Mon père est un anti-conformiste, du genre a être en dehors des clous, un marginal. Il a été une source d’inspiration pour moi, même si je n’avais pas vraiment suivi son modèle en devenant un jeune adulte. Quand j’ai fini mon master, j’ai travaillé en pensant être destiné à faire cette carrière de petit capitaliste. Elle m’a apporté beaucoup de tristesse, je ne me sentais pas en accord avec moi-même et mes valeurs. À la suite de mon burn out professionnel, j’ai voyagé au Cameroun, ça m’a boulversé. C’est ça le déclenchement. J’ai remis ma vie, mes choix et mes priorités en question. »

Vos choix d’habitats aussi ?

« Ça fait longtemps que je suis conscient de notre situation climatique catastrophique et alarmante. J’avais besoin d’être en cohérence avec moi-même alors j’ai aligné tous mes choix de vie pour qu’ils prennent sens. J’ai commencé par mieux manger, faire attention à ce que je consomme, et puis forcément, avec Magali, on s’est questionné sur notre habitat. Nous étions locataire à l’époque et nous voulions acheter. »

Comment avez-vous entendu parler des earthship ? Quel a été le déclenchement ? Comment vous êtes-vous dis, que vous pouviez en construire une ?

« Évidement notre maison devait refléter notre mode de vie : on a fait énormément de recherche sur les habitats alternatifs et écologiques. C’était il y a plus de 10 ans, il y avait très peu de documentation. On était un peu perdu, on ne savait pas ce qu’on allait faire et puis j’ai repensé à un reportage que mon père m’avait montré quand j’avais 16 ans. C’était un film sur Michael Reynolds et ses earthships : ça a été le déclic ! »

Expliquez-moi vos démarches.

« L’année 2013 a été plus qu’enrichissante, on a fait d’intenses recherches techniques au travers de livres, de vidéos sur les earthships. On a fait de nombreuses visites. On a rencontré énormément de personnes de différents corps de métiers. En 2018, après avoir visité plus de 70 terrains on a finalement trouvé celui qui nous convenait. Le chantier participatif a commencé en 2019 et en septembre 2021 nous avons emménagé. »


3Les Auton’homites, n’hésitez pas à rejoindre Magali et Luc sur leur page Facebook : ou à les suivre sur Instagram


Est-ce que des professionnels vous ont aidé ?

« On a fait appel au seul architecte français capable de dessiner les plans de notre maison. Il nous a assisté dans les démarches administratives et vraiment, c’était compliqué. L’administration nous bloquait de partout. Construire ce type d’habitat écologique, ce n’est pas seulement difficile, on vous met des bâtons dans les roues pour ne pas que vous y arriver. Il nous a fallu un an et demi pour obtenir le permis de construire… C’était une procédure longue et douloureuse. La situation est tragique, les lois ne sont pas faites pour respecter notre environnement, nous savons tous le futur qui nous attend. Cela devrait être une évidence de construire des habitats passifs, si ce n’est positifs. »

Quel était votre ressenti pendant ce processus ?

« Ça me rappelle cette citation de Mark Twain « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Je crois que l’on avait aucune idée de l’ampleur que cette construction allait prendre dans nos vies. Heureusement nous avions construit notre couple avant de construire la Earthship. Notre maison, ça a été un apprentissage physique et mentale traumatisant. Mon conseil pour ceux qui veulent entreprendre un tel ouvrage, c’est d’être prêt psychologiquement. »

Quand la construction a-t-elle débuté ? Vous rappelez-vous de cette première journée ?

« Le premier jour de la construction est mémorable. C’était l’annonce du confinement de mars 2020. Le terrassier est venu mettre le premier coup de pelle, et pour nous cette maison c’était le synonyme de notre autonomie. Au moment même où l’on cherchait à se libérer, on nous a enfermé. »

Vous avez utilisé le réseau Twiza et ses bénévoles pour la durée des travaux, comment s’est déroulé ce chantier participatif ? Pouvez-vous me raconter votre ressenti ?

« Le chantier de la Earthship, c’était une expérience humaine tellement intense. C’était incroyable parce que l’on voyait débarquer des jeunes, et des moins jeunes venir passer du temps avec nous pour apprendre, partager, comprendre, discuter, débattre. Et je me demandais, comment est-ce possible qu’en échange d’un repas, tu te retrouves avec des gens aussi bienveillants et impliqués ? Dans mon quotidien, je n’ai jamais retrouvé de moments aussi puissants. Il y a avait du bonheur et de l’amour qui était passé par là. Ces jeunes, pour moi, c’est le seul espoir que l’on a pour faire changer notre future. »

La maison de Magali et Luc, la serre.

Qu’est-ce qui a changé depuis que vous habitez dans cette maison en osmose avec son environnement ?

« Aujourd’hui, avec Magali, on se sent comme les pilotes d’un vaisseau (de terre), comme les capitaines d’un navire, vraiment ! Notre maison c’est comme un gros bébé qui a besoin d’attention pour pouvoir fonctionner. Je te raconte mon rituel du matin : je me lève et je vais vérifier l’eau des plantes, voir si elles vont bien. Après, on ouvre toutes les fenêtres (parce qu’il fait trop chaud – et on est en pleine hiver) et les puits de ventilation pour que la maison respire. Ensuite, on va dans la pièce technique regarder le niveau des batteries ; on contrôle la réserve d’eau et on surveille si les filtres sont propres. Ces rituels ça me donne l’impression de vivre à bord d’un sous-marin ou d’un vaisseau spatial. »

Les manettes du vaisseau.

Que pensez-vous de votre mode de vie, est-il différent de ce que vous connaissiez ?

« Forcément, ça a changé nos habitudes. Le fait de devoir surveiller que l’on a bien tous les éléments nécessaires : l’eau, l’énergie, les plantes, c’est complètement à l’opposer du monde de consommation dans lequel on vivait. Ça apporte beaucoup de maturité de vivre en rapport avec son environnement immédiat. Nos gestes sont liés à la météo et je prends ce que la nature veut bien me donner : c’est tellement plus cohérent. D’ailleurs je n’ai même pas besoin de parler pour convaincre les gens, dès qu’ils entrent dans l’Earthship, il y a ce sentiment de bien-être que la maison procure. »

Regrettez-vous votre choix ?

« Pas du tout. Construire notre earthship, c’est l’acte le plus politique que j’ai pu mener. Je suis très content. Cette maison est un outil très puissant pour faire changer les gens et leur faire prendre conscience. »

LEA FALLET

Architecte D.E