archi hybride

Vers une architecture « hybride » : Diébédo Francis Kéré

Louisa Frangeul Articles écoconstructions

Ecole primaire de Gando, © Kere Architecture

Une architecture vernaculaire dessinée par les contraintes naturelles

L’architecture vernaculaire correspond à une architecture propre à une région, ou encore un groupe ethnique. En d’autres termes, elle est résiliente face à son contexte géo-climatique et s’adapte à son environnement imminent tant dans le choix des matériaux et la technique de construction, qu’à son exposition et sa forme. Ces bâtis répondent aux différents principes du développement durable et de l’écoconception :

Volet social : l’artisanat local et place l’humain au cœur de la construction ;

Volet économique : matière locale, économie de matière ;

Volet écologique : ressources locales, durables et recyclables du gros œuvres au revêtement, utilisation des matériaux en fonction de la disponibilité présente.

En France, on retrouve par exemple le mas de Provence, maisons en pierre avec peu d’ouvertures sur la façade nord et orienté au Sud pour se protéger du mistral. Au Maghreb, on retrouve les riads et dars, maisons à patio permettant de ventiler naturellement l’habitation et le principe du nomadisme intérieur, consistant à changer de pièce de vie dans la verticalité en fonction des saisons.

En terre ou encore en bambous dans certaines régions, ces principes permettent d’éviter des systèmes artificiels de ventilation, climatisation et chauffage. L’esthétique n’est que secondaire : c’est la fonctionnalité qui est importante, les usages et l’appropriation par les usagers.

Un regain de l’architecture traditionnelle

L’exemple de l’école de Gando (Burkina Faso, 2001)

Prix Pritzker 2022, Diébédo Francis Kéré, né au Burkina Faso, obtient ce prix grâce à ses projets alliant architecture traditionnelle « vernaculaire » et une architecture « moderne ». Ecoles, équipements publics, logements : ces constructions allient tant les liens sociaux entre les habitants que le savoir-faire et l’artisanat vernaculaire des différentes régions du Sahel.

C’est dans son village natal à Gando, situé dans la région du Sahel, que Francis Kéré expérimente ses premières structures hybrides. Pour cela, il reprend les caractéristiques des constructions traditionnelles et celles des bâtis modernes pour en faire une utilisation intelligente des matériaux : ainsi les habitants du village sont invités à participer au projet afin de diffuser le savoir-faire.

Ainsi, les murs en briques de terre compressées, fixées sur des tiges en acier, sont élaborés et séchés sur place et les fondations sont en pierre, extraites d’un site voisin. Afin d’assurer une ventilation permanente, plusieurs techniques sont employées :

  • L’air entrant par les fenêtres est évacué vers le plafond grâce aux décalages de la superposition des briques ;
  • La toiture surélevée, par son inclinaison, permet de créer un effet Venturi et ainsi d’éviter les surchauffes ;
  • Dans le collège de Gando, une ventilation est programmée grâce à un réseau de tuyaux souterrains, rafraîchissant l’air ambiant au sol.

Le débord de toiture permet par ailleurs d’ombrer les façades de l’ensoleillement conséquent durant les périodes de fortes chaleurs, et à la fois de protéger les murs en terre des fortes pluies. Pour les habitations issues de la même opération, l’eau de pluie est récupérée, dirigée par des gondoles vers un réservoir d’eau afin d’alimenter la végétation. Tout est pensé pour favoriser le plus grand confort possible aux usagers sans pour autant construire avec des principes énergivores.

Architecture hybride : le mot de la fin

De nombreux projets actuels s’orientent ainsi vers une architecture inspirée des savoir-faire ancestraux et traditionnelle marquant une volonté de travailler sur des constructions plus écologiques. Kéré puise ainsi dans les pratiques vernaculaires afin de développer une architecture respectueuse, et humaniste.

Sources

« Burkina Faso : les 6 projets phares de Diébédo Francis Kéré, prix Pritzker 2022 », Arnaud Aubry, Jeune Afrique, 22/03/2022.

« L’architecture vernaculaire pour un développement urbain commun », Goudenhooft Chloé, Le Moniteur, 24/08/2012.

WASSIL AMIR

Architecte diplômé

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