Gestion automatisée du confort

Louisa Frangeul Actualité Ghara

Notre société occidentale fait la part belle aux technologies. On en trouve un peu partout au sein de nos bâtiments et nous y sommes en fait assez dépendants.

Certes, certains semblent indispensables : les équipements de chauffage, de ventilation, d’ECS (Eau Chaude Sanitaire), d’éclairage et autres produits « blancs » (lave-linge, réfrigérateur, etc) et « bruns » (TV, ordinateur, etc).

Mais d’autres sont plus … discutables !

Domotique et gestion automatisée du confort

Depuis la fin des années 70, une branche particulière tente d’émerger en promettant une gestion automatisée du confort (élargi à la sécurité, la communication, l’économie d’énergie et l’indépendance) : c’est l’avènement prédit de la … domotique ! Nous n’aborderons pas dans cet article les équipements relevant du simple plaisir : lampes qui changent de couleur et s’allument au gré d’un pilotage par smartphone, enceintes audio déportées dans différentes pièces et restant néanmoins connectées à l’ampli du salon, etc.

Concentrons-nous plutôt sur ceux qui nous sont vendus comme réponses à la quête d’un confort optimal hygrothermique et visuel.

Autant l’intérêt de la domotique semble bien réel lorsqu’il s’agit de grandeurs physiques pilotant un équipement sans que notre perception humaine soit directement sollicitée : sonde de température (intérieure et/ou extérieure) régulant le circuit de chauffage, traceur calant les panneaux photovoltaïques sur la course solaire (idem pour les brise-soleil orientables), etc.

domotique

Autant mon retour d’expérience de 10 ans dans un grand Bureau d’Etudes national me porte à être beaucoup plus circonspect sur les systèmes automatisant la gestion d’équipements qui impactent directement notre ressenti sensible : volet roulant qui s’ouvre et se ferme automatiquement au regard du rayonnement solaire, éclairage dont l’intensité varie tout seul au gré de la lumière extérieure, etc.

Ce même retour d’expérience montre que si l’utilisateur final ne peut déroger à ces automatismes ou à minima en prendre facilement le contrôle, il trouvera alors toujours un moyen pour arriver à ses fins (à savoir, rester maître de son confort direct).

Bâtiment et confort : trouver le bon équilibre !

RE2020

On peut in fine arriver à des situations périlleuses où l’automatisme est bloqué à grand renfort de bricolage plus ou moins ingénieux (pouvant aller jusqu’à abîmer cet automatisme).

Pire, on peut aboutir à des situations contre-productives allant à l’encontre du confort visé.
L’exemple le plus flagrant (et le plus fréquent) qui me vient à l’esprit concerne la ventilation.

Lors de rénovations lourdes (avec mise en place d’une VMC plus performante et renforcement de l’étanchéité à l’air de l’enveloppe du bâtiment par changement de fenêtres), combien de fois ai-je constaté que les entrées d’air (généralement intégrées dans le dormant supérieur de la menuiserie) avaient été finalement calfeutrées avec les moyens du bord !

La raison en est simple : l’habitant s’étant auparavant accoutumé au fait que les fuites d’air parasites étaient « réparties » sur ses parois perméables, il ne supportait alors pas ce nouveau flux concentré à la bouche d’air. Pour peu qu’il ait pour habitude d’être sur sa trajectoire (bureau, fauteuil, etc), cette arrivée d’air (froid, de surcroît en hiver) lui devient, à juste titre … insupportable.


Problème : un air intérieur vicié non renouvelé peut être source de pathologies pour le bâtiment (développement de moisissures de surface, condensation intra-paroi, etc), de gênes plus ou moins graves (maux de tête, irritation des yeux, de la peau ou de la gorge, etc) voire de maladies (allergies, asthme, rhumes à répétition, etc).

J’en appelle donc à tous les concepteurs pour qu’ils remettent l’occupant au cœur de l’usage en lui donnant les clefs de compréhension d’une utilisation raisonnée de certains équipements.


Comment ? A travers la mise en place, par exemple, d’un carnet d’usage accessible …

Laurent Billaud

LAURENT BILLAUD

FORMATEUR GHARA + Bio B.E, BUREAU D’ETUDES THERMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE DE BÂTIMENTS BIOSOURCÉS & PASSIVHAUS