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Les biosourcés et l’industrie

Louisa Frangeul Articles écoconstructions

« La prise de conscience de la nécessité de changer nos pratiques carbonées dans le bâtiment a conduit nos politiques (dans le cadre de la RE 2020) à vouloir généraliser l’usage des matériaux biosourcés en privilégiant la construction bois au détriment du béton.

Vent de révolte et branle bas de combat parmi les industriels du béton qui dénoncent une concurrence déloyale, des données tronquées et une information incomplète qui ne prendrait pas suffisamment en compte tous les efforts et les investissements consentis pour tendre vers l’excellence environnementale de leurs pratiques.

La fabrication du ciment conventionnel portland n’a pourtant pas évolué depuis 200 ans malgré l’impact important, connu depuis belle lurette, de sa production carbonée sur l’environnement.

Pourquoi les industriels se réveillent-ils si tard ?

Des préoccupations environnementales?

Constructions en matériaux biosourcés : prise de conscience  

Ce n’est en fait qu’à l’approche des premières échéances et contraintes liées à la RE 2020 (ou la mort annoncée du jackpot béton) que les acteurs de la profession se sont attelés à réinterroger leurs pratiques industrielles polluantes.

Les vendéens d’Hoffmann green ont été les premiers, dès 2015, à travailler en R&D à base de boues d’argile à la conception d’un béton sans clinker cinq fois moins carboné car issu de prise chimique à froid.

Ils sont précursseurs et ont poussé les conventionnels à les suivre (Bouygues, Eiffage…).

Malheureusement ce ciment, fut-il moins carboné, n’en reste pas moins un matériau de construction très impactant pour l’environnement (en sable et en eau notamment) et absolument pas recyclable tel que le stipule le label C2C (Cradle to cradle) propre aux engagements biosourcés.

Au moins ne sèment-ils pas la confusion biosourcée avec leur ciment décarboné. Ils annoncent juste qu’ils sont cinq fois moins impactants qu’avant et poussent les autres, les majors, à évoluer et ça c’est déjà très bien.

Constructions en terre : le retour ?

D’autres ont moins de srcupules et mènent une offensive massive sur le créneau des biosourcés en usant d’arguments pour le moins contestables.

Ainsi le groupe St Gobain et son partenaire Eiffage jouent-ils les vertueux en annonçant leur retour à la terre.

Pourtant leur formulation et les adjuvants utilisés sont du même ordre que ceux d’Hoffmann mais eux se targuent de toutes les vertus du matériau terre.

Ils débarquent en force, formule secrète brevetée et services clefs en mains, pour répondre à toute cette saine demande terre qui émerge des territoires dans les marchés publics.

Mais la terre, pour être mise en œuvre de façon saine et pérenne, n’a pas besoin d’adjuvants chimiques, agents mouillants,  accélérateurs de prise, antirouilles, dérivés formiques ni plus d’agrégats recyclés ou autres déchets industriels à base de laitiers de hauts fourneaux pour monter les étages en construction!

Shibam au Yemen, “La Manhattan du désert”, cité antique construite en terre en R+7.

La terre est utilisée par l’homme depuis des millénaires pour construire son logement, ses villes et ses édifices les plus prestigieux.

Elle n’a pas besoin de tous ces adjuvants et de toute cette filière industrielle pour être mise en oeuvre et en valeur.

Pour ma part, j’y vois plutôt une possibilité de massifier l’artisanat low-tech et de rendre ainsi les métiers du bâtiment plus intéressants et plus attractifs car plus valorisants et plus sensés.

A  la formule brevetée de la terre dénaturée à couler dans des banches à béton je préfère la réappropriation massive du savoir-faire artisanal à développement humain et participatif. »

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