eco quartier et eco logement

L’Éco-village, un autre modèle pour faire communauté

Louisa Frangeul Articles écoconstructions

Peut-être, faites-vous partie de ceux qui se demandent comment minimiser l’impact que vous avez sur notre monde ? Pour répondre à cette question, certains d’entre-nous on choisit de vivre différemment. Ils ont décidé de faire communauté en devenant habitant d’un éco-lieu. De plus en plus, les citadins envient de s’échapper pour se rapprocher d’une nature apaisante et nourricière.

Le concept n’est pas nouveau, en 1991 l’Américain Robert Gilman, donnait déjà une définition à ces rassemblements. Il disait de ceux-là, qu’ils avaient réussi à intégrer nos activités de manière inoffensive pour notre environnement et même, qu’ils favorisaient un développement sain et naturel. Les éco-villages et éco-quartiers promettent selon le philosophe, un avenir indéfini.

Alors, Ghara s’est rendu à BedZED : le tout premier éco-village à grande échelle du Royaume-Uni. Achevé en 2002, il contient des bureaux, des commerces et des logements tous éco-conçu ! Bien évidemment, on vous explique dans cet article, comment fonctionne cette communauté, plus écologique.

BedZED : contexte historique

Les premières discussions sur le sujet éclosent vers la fin des années 90. BedZED répond à la politique du moment : concevoir une communauté écologique. Un ensemble d’acteurs s’activent sur le projet comprenant politiciens, architectes, ingénieurs, environnementalistes, urbanistes, sociologues, etc. D’après l’étude de l’Agence de développement et d’urbanisme[1] les principaux objectifs sont de :

  • Concilier une haute densité d’habitat et l’amélioration de la qualité de vie
  • Préserver la ceinture verte et les terres agricoles de l’extension urbaine
  • Réduire l’impact environnemental de la régénération urbaine
  • Soutenir l’économie et les communautés locales
  • S’approvisionner en énergie et matériaux dans la région

La construction démarre en février 2000 et les premiers logements sont occupés au printemps 2002.


[1] L’AGENCE DE DEVELOPPEMENT ET D’URBANISME DE LA MÉTROPOLE DE LILLE, BedZED, un quartier ‘zéro émission’ au sud de Londres. Carefree. http://carfree.free.fr/BedZed_quartier-zero-emission-sud-londres.pdf

BedZED : contexte écologique

L’éco-village de BedZED se veut préserver nos ressources naturelles et sociales selon différents aspects, les voici en 7 points :

1 – La gestion de l’énergie

D’abord, le quartier prend garde à sa consommation d’énergie, en utilisant des énergies renouvelables. Puis, il tente de réduire drastiquement les services électriques ou mécaniques, favorisant des systèmes de chauffage et de ventilation naturels.

  • Tous les toits sont équipés de panneaux solaires qui produisent de l’électricité.
  • Les nombreuses façades vitrées permettent de faire entrer la lumière naturelle dans les espaces des appartements. L’usage de lumières artificielles est judicieux.
  • L’isolation des bâtiments est aussi un moyen de gérer nos consommations. Bien isolés, les logements perdent peu de calories et permettent de passer les hivers au chaud et les étés au frais.
  • En plus de l’isolation, les matériaux de construction ont été choisis pour leur qualité et leur inertie thermique. La brique retient la chaleur acculée pendant la journée et la disperse la nuit venue.
  •  Les triples vitrages sur certaines façades permettent de réguler la température. Grâce à l’épaisseur des fenêtres, la déperdition est limitée. Le vitrage filtre parfaitement la chaleur issue des rayons solaires. Ainsi, l’appartement montera raisonnablement en température : un atout contre la canicule !
  • Sur les toits sont positionnés de drôles de cheminées : ce sont des systèmes solaires combinés. Il se compose d’un panneau solaire thermique et d’un ballon de stockage. Les capteurs solaires récupèrent les calories du soleil. Les calories sont transmises à un fluide caloporteur et envoyées dans le ballon de stockage. Le tout est relié au système de chauffage central des habitations.

2 – La gestion de l’eau

Ensuite, pour atteindre ses objectifs verts, l’éco-quartier de BedZED surveille les circuits de l’eau afin d’en éviter les gaspillages.

  • La récupération des eaux de pluie est la première méthode pour utiliser les ressources de son environnement. Collectées par l’aval des toitures, les eaux de pluie sont ensuite disposées dans des conteneurs rangés au sous-sol. Ces eaux, non potables, serviront à arroser les plantes.
  •  La récupération des eaux grises est une autre manière d’économiser nos eaux. Les eauxgrises, usées, proviennent d’usages domestiques, comme l’eau de la vaisselle, de la douche ou encore des machines à laver. Elles sont directement réutilisées pour remplir les chasses d’eau.

3 – Le toit végétal

Verdir le toit est aussi une démarche durable qui présente de nombreux avantages :

  • La couverture végétale est une couche additionnelle sur le toit, elle renforce l’isolation naturellement.
  • Ajouter cette épaisseur verte et vivante, c’est surtout proposer un habitat pour la faune locale. Les papillons, abeilles et insectes en général se font un plaisir de butiner les fleurs et d’investir le potager !
  • En parlant de plantation, avoir un jardin de toit, c’est posséder un espace extérieur en ville. Pouvoir profiter d’un écrin de verdure en y faisant pousser légumes et fleurs, agrémente et participe au bien-être des riverains.
  • La toiture végétalisée est visuellement plaisante, en plus de plaire aux habitants de l’éco-village, elle complimente le paysage urbain pour le plaisir de tous les passants et participe à la lutte contre les îlots de chaleur qui se développent en ville !

4 – La gestion des déchets

Comme dans toute résidence, les déchets sont collectés et organisés dans un espace approprié. Seulement, à BedZED, des mesures sont prises pour amoindrir leurs impacts sur notre environnement.

  • Le quartier encourage le tri sélectif en mettant à disposition, les trois poubelles de recyclage : pour le papier et le carton, pour le verre et pour les déchets ménager. Outre les bacs habituels, il se trouve un compost pour les déchets organiques. Le fertile produit sera utilisé dans le potager commun.
  • Mettre des équipements à disposition ne suffit pas, dans l’éco-quartier de BedZED, il est important d’éduquer aux valeurs écologiques, notamment pour lutter contre le gaspillage. Régulièrement des ateliers sont planifiés pour comprendre les enjeux liés à la gestion des déchets.

5 – La gestion des transports

Vivre en étant responsable et écologique, c’est aussi faire attention à la façon dont on se déplace. Le but  est d’émettre le moins possible d’émissions de C02!

  • Pour atteindre cet objectif, le quartier favorise les voie dites « douces » et les accès piétons. Il encourage les moyens de transport « doux » en installant des places réservées aux vélos.
  • Pour ceux qui ne peuvent pas voyager sans moteur, le quartier prévoit des points de charges électriques pour les voitures.
  •  L’emplacement de l’éco-lieu, n’est pas sans réflexion, en lien avec le réseau de transport commun, il est très facile de se rendre à la capitale, Londres.

6 – Espace vert et biodiversité

C’est parce que BedZED est relativement bien connecté et qu’il jouit de multiples dispositifs urbain, que c’est une agréable surprise de trouver en ce lieu tant d’espaces verts.

  • Abordés précédemment, les toits végétalisés font partie des zones cultivées de l’éco-quartier. Ils apportent un type de biodiversité.
  • Le grand jardin communal, est divisé en plusieurs aménagements : il est possible de s’y reposer (chaises longues, tables basses, étendue d’herbe), de s’y rassembler (grande table communale abritée), d’y jardiner (potager commun) ou même d’y jouer (terrain de sport).
  • Le paysage dessiné à BedZED est complètement intégré dans son contexte. Ses espaces végétaux sur terre comme sur toit, permettent la vie d’une certaine faune et biodiversité. Plantes et animaux aident à l’achèvement de cycles naturels.

7 – Espace de communauté

Enfin BedZED, c’est avant tout une communauté où les habitants ont choisi de vivre ensemble dans le respect de leur environnement.

  • Le quartier soutient une démarche écologique et communautaire notamment en proposant divers équipements, espaces et ateliers. Toutes ces dispositions, offertes par l’ensemble d’habitations, facilitent la compréhension et les actions envers l’environnement et son entourage.
  • Les résidents peuvent s’impliquer et porter des projets au sein de leur communauté, cela impacte directement la qualité de vie.
  • Être acteur de son bien-être, être dans l’écoute, dans la communication avec ses voisins et trouver une vision commune, aide à projeter un avenir épanouissant, plus vert !

La visite sensible, BedZED

L’équipe de Ghara s’est aventurée à Sutton, au Sud de Londres pour en savoir un peu plus sur BedZED. Et voilà ce qu’ils en disent :

 » Il n’y a pas de doute c’est ici, le lotissement se différencie complètement de ces environs. Les formes contemporaines des bâtisses contrastent avec les maisons traditionnelles avoisinantes. Les constructions de bois et de briques élèvent sur leurs toits cette drôle de cheminée très atypique, elles s’orientent en suivant le mouvement du vent.

C’est incroyable, à peine entré dans l’ensemble d’habitations et tout est devenu plus calme. Le bruit du trafic de la route principale se ferait presque oublier. La ballade dans les allées de ce petit quartier à un air de campagne.

Sûrement que le paysage vert y participe, ceux qui habitent au rez-de-chaussée entretiennent leurs petits jardins tandis que ceux qui vivent dans les étages se sont appropriés le toit végétalisé. Les balcons et terrasses regorgent de plantes en pot et de potager en caisse. Le quartier en lui-même profite d’allées arborées, d’un grand terrain d’herbe ou d’ailleurs s’est installé sous le auvent une terrasse et du mobiliers en palette. Tout au fond de la parcelle se cache potager partagé bien alimenté !

Les traces laissées dans le voisinage font apparaître la vie de communauté : les chaises de jardin sont restées dehors, tout comme les jouets des enfants et les cendriers de la veille encore disposés sur la large table communale. Il semblerait que la pluie ait fait fuir les résidents qui profitaient de l’extérieur.

L’un des bâtiments se démarque, à l’écart des habitations, il se diffère dans ses proportions. Les grands vitrages appellent à regarder ce qu’il s’y passe. Derrière ces fenêtres, quelques personnes rangent des déguisements d’Halloween. La spacieuse salle-multifonctions, habituellement utilisé pour les sports d’intérieur a été réquisitionné pour réceptionner un événement de saison. Une autre façade vitrée se révèle être la devanture d’un magasin de plantes. L’épaisseur du bâti laisse à penser que d’autres salles à usage collectif s’y cachent.

Regardons les logements maintenant, il est facile de deviner leur orientation. Toutes les façades sud sont vitrées et de souventes fois en double hauteur. Les façades nord sont singulières, elles aussi. Une demi-sphère en bois s’accroche en leur sommet. Ces dernières incorporent quelques fenêtres dissimulées dans le toit végétalisé.

Les barres d’habitation abritent différentes typologies d’appartements. Du plus grand au plus petit, tous possèdent un espace extérieur privé. D’ailleurs, pour rejoindre son appartement, la circulation se fait aussi toujours par extérieure, évitant ainsi de devoir chauffer des espaces communs (presque) inutiles.

Dans les allées arborées du quartier, quelques résidents vaguent à leur occupation. La nuit est tombée. Cette femme ouvre son parapluie sur le pas de sa porte, avant de partir. Cette autre jeune femme emmène ses poubelles. Enfin, ce jeune homme attend son chien qu’il promène dans le quartier. La soirée est paisible. « 

LEA FALLET

Architecte D.E