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Pourquoi est-il urgent de sortir du « tout » béton ?

Louisa Frangeul Articles écoconstructions

Alors que son usage apparaît dès l’Antiquité, le béton est aujourd’hui devenu omniprésent dans le milieu de la construction. A raison d’environ 150 tonnes coulées par seconde, ce matériau est tellement utilisé qu’il représente la 2ème substance la plus consommée au monde, juste après l’eau et loin devant le plastique. Cet engouement est dû à ses nombreuses qualités : faible coût, bonne résistance, facilité et rapidité de mise en œuvre. Cependant, il se voit de plus en plus critiqué et abandonné au profit d’autres modes constructifs. En effet le béton a pour inconvénient majeur d’impacter considérablement l’environnement sur de nombreux aspects.

Une forte émission de CO2 lors de la fabrication du ciment

Ce matériau serait à l’origine de 7 à 8 % des émissions mondiales de CO2, soit plus que l’ensemble des émissions de l’Union européenne. Le béton désigne un matériau composite, fabriqué à base de granulats (sable et gravats), d’un liant et d’eau. Le type de béton change en fonction du liant, c’est le « béton de ciment » qui est le plus courant. Lors du processus de fabrication, c’est la production de ciment qui rejette le plus de CO2 : son composant principal est le clinker, produit lors de la cuisson de calcaire et d’argile dans un four. Une réaction chimique, appelée la décarbonatation, libère une grande quantité de CO2. A titre d’exemple, le ciment Portland CEM I émet 866 kgCO2 / tonne de ciment. Les autres types de ciment ont une émission plus faible mais restent loin d’être négligeable.

Chiffres de l’Ademe :

https://bilans-ges.ademe.fr/documentation/

L’exploitation démesurée de ressources limitées

Vue aérienne de Dubaï de nuit, gratte-ciels et voie rapide

Au-delà de son énorme émission de gaz à effet de serre, le béton nécessite une gigantesque quantité d’eau. Il faut utiliser de l’eau potable pour obtenir une bonne réaction chimique, ce qui pose un problème majeur, car cette ressource vitale pour la biodiversité se raréfie de plus en plus.

Concernant le sable, il en existe à priori en quantité suffisante. Sauf que pour concevoir un béton suffisamment solide, il faut utiliser une granulométrie spécifique et le sable du désert est trop fin pour cela. Cette nécessité amène à des aberrations comme pour Dubaï qui importe en quantité importante du sable depuis l’Australie pour construire ses gratte-ciels et qui contribue à la destruction de certains littoraux. Le béton étant difficilement recyclable ou réemployable, l’exploitation de ces ressources sera impactante tant que sa consommation ne sera pas réduite.

Impact sur la biodiversité et le climat

Un aspect moins connu de la pollution due au béton est son impact sur la biodiversité et le climat. Tout d’abord, le béton contribue énormément aux îlots de chaleur urbains de par ses propriétés physiques. De plus, il augmente fortement le risque d’inondations et de sécheresse à cause de la désimperméabilisation des sols. Contrairement à un sol poreux, un sol bétonné ne peut plus absorber l’excès en eau et celui-ci part directement dans les réseaux. Cette omniprésence du béton, que ce soit au sol ou en surface, participe à l’artificialisation et à la fragmentation des espaces naturels, laissant moins de place pour la biodiversité.

Constructions en béton : le mot de la fin

Bien qu’encore majoritairement utilisé actuellement, le béton est particulièrement néfaste pour l’environnement sur bien des aspects. Il devient urgent de développer des alternatives avec des matériaux vertueux, comme les matériaux géosourcés et biosourcés, dont le bois et la paille font partis.

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ARGANTAËL BEUCHERIE

Architecte diplômée d’état et certifiée Pro Paille